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Etude

Cédric Gérard
Cédric Gérard Chroniques

Les premiers jours. Je fais ma rentrée, je rencontre les gens qui sont dans ma promo. C’est plutôt bien au début. Les premières semaines sont même très sympas. Le seul hic, c’est que je pige rien du tout aux cours de maths, que je ne tarde pas à sécher.

C’est vrai que galérer à comprendre ce que dit le prof dans un amphi blindé et attendre que le temps passe en TD ça m’a vite gonflé. Mais ce n’est pas le plus grave, je dirai. Le vrai problème c’est qu’en-dehors de l’algo, j’étais aussi à la ramasse en info.

Il faut aussi dire qu’à cette époque, je n’avais pas de logement sur Grenoble. Du coup, je squattai de temps en temps le canapé de mon frère ou je me tapais des allers/retours chez mes parents à environ 90 km de la FAC. Sois 180 bornes dans la journée et la circulation grenobloise le matin et le soir. C’était sympa pour être à l’heure à 8h le matin. Je bossais le soir et le week-end pour gagner un peu d’argent. Ce n’était donc pas évident pour moi de travailler mes cours, surtout les matières qui me saoulaient.

Nouvel échec

echec et mat
Echec et mat

J’ai fini par trouver un appart, ce qui m’a soulagé. Mais il y a toujours quelque chose qui ne passait pas à la FAC. Je n’arrivais pas à me sentir concerné. Pendant mes deux ans à Chambéry en Biologie, je trouvais que les profs étaient de vrais brutasses avec un niveau de dingue. Ils maîtrisaient leurs matières et étaient de très bons pédagogues. Mais à Grenoble, ce n’était pas du tout le cas (pour la plupart). Ils ne semblaient pas particulièrement concernés par leurs cours, et même pendant les TPs ou les projets, on s’ennuyait ferme. C’est aussi à ce moment-là que ma mère est tombée gravement malade. Je n’arrivais plus à dormir de peur d’être réveillé par un appel qui m’annoncerait une terrible nouvelle.

Pris entre la peur, la fatigue et la déprime, j’ai laissé tomber la FAC. Encore une fois. Je me suis donc retrouvé avec moi-même. Sans boulot, sans études… Sans perceptive.

déprime
Niveau moral, j'étais pas bien

Le rebond

Au final, c’est certainement ce qu’il me fallait. Pour une fois, je n’avais plus de rythme imposé. Je pouvais décider de ce que je ferai de chaque moment de la journée. Je ne vous cache pas qu’au début, avec le moral en berne, j’ai passé pas mal de temps à glander. J’ai ensuite poncé tous les jeux vidéo du moment. Puis, un jour, je me suis réveillé. Je ne saurai pas l’expliquer, c’est comme-ci j’étais guérie de quelque chose et que j’en prenais soudainement conscience.

prise de consciencet
Petite prise de conscience tout de mêmet

Je me suis donc remis à l’informatique. C’était ça qui me plaisait au fond. Mon problème ne venait pas du fait que j’étais mauvais. C’est juste que le système de la FAC ne me convenait pas. Je me suis donc mis dans l’idée de faire une formation à distance.

Je vous vois venir. Vous pensez certainement à OCR (Open ClassRooms) ou à une autre plateforme connue. Sauf que là, on est en 2007. OCR n’existe pas encore, il s’agit pour l’instant du site-du-zéro. Un site pas mal du tout pour suivre de tutoriel pour apprendre un langage. Mais vous n’obtenez aucune certification ni valorisation de ce que vous avez suivi. Je décide donc de prendre une formation qui propose une certification. Je choisis deux titres chez Educatel. Un avec la dénomination programmeur pour micro-informatique (je sais le titre fait très old school aujourd’hui.) et un de technicien de maintenant informatique. Ces formations sont assez chères. Il faut compter 7 000€ en tout sans aucune aide.

La formation se déroule assez simplement. Je reçois des manuels toutes les semaines ou toutes les deux semaines suivant les cours. Je dois potasser à mon rythme et retourner des feuillets d’exercices. Ces derniers sont corrigés par un prof et je reçois, quelques jours, plus tard la correction. Si mon exercice est validé, je peux avancer sur le cours suivant. Dans le cas contraire, je dois le refaire. À la fin de chaque formation, il y a un projet à réaliser et à retourner au professeur pour une évaluation complète. C’est ensuite lui qui décide si on obtient le titre ou non.

Imaginez que rien ne se faisait par Internet. J’envoyais mes exercices par la poste. Pour les projets j’ai dû imprimer des dossiers avec des centaines de pages de code source en Java, C et C++. Aujourd’hui, j’en rigole avec l’impression d’être un dinosaure tellement ce genre de formations a évolués.

série dinosaure
Ceux qui connaissent cette série savent de quoi je parle, TMTC

La révelation

Ces formations ne m’ont pas permis d’obtenir un emploi. Aujourd’hui, on entend souvent qu’un diplôme universitaire est exigé pour travailler en tant que développeur. Je peux vous dire qu’à l’époque, c’était indispensable, et même avec un BAC+2 ou BAC+3, c’était quasiment perdu d’avance.

À défaut, elles m’ont apporté plusieurs choses:

  1. Elles m’ont permis de trouver ma façon d’étudier et de travailler. Chez moi, j’étais mille fois plus performant pour assimiler quelque chose. Pendant les cours, j’avais l’impression de perde 8h de ma vie par jours. J’ai pu décourvir les mécanismes qui marchent chez moi pour apprendre et comprendre. J’ai pu pratiquer à mon rythme sans pression en prenant bien le temps d’assimiler les concepts.
  2. Elles m’ont fait apprécier le fait de développer un programme. De pouvoir contrôler la machine. De voir son code compilé puis exécuté avec succès. C’est un plaisir qu’on ressent très rarement, je trouve.
  3. Elles m’ont redonné confiance en moi. Même si le titre ne valait rien sur le marché du travail cela constituait enfin un succès. Après tous les échecs que j’avais essuyés, ça m’a fait un bien fou.

Fort de ma confiance renouvelée et des connaissances que j’avais acquises, j’ai décidé de reprendre des études pour obtenir un diplôme. Le diplôme qui me permettrait de vivre de ma passion. Mais cette fois-ci hors de question de passer par la FAC.

Oggy ordinateur
En pleine recherche de mes futures études
Cédric Gérard

Cédric Gérard

Je suis dans l'informatique depuis tout jeune. D'abord intéressé par le hardward (montage, overcloking), j'ai mis du temps à trouver ma voie. Je suis tombé dans le développement en 2007, je n'ai jamais arrêté depuis..

Aujourd'hui, je suis développeur web avec une plus grande appétence pour le backend. J’accorde beaucoup d’attention à la valeur apportée aux utilisateurs finaux. On ne réalise pas d'application que pour se faire plaisir, après tout.

Je mets aussi un point d'honneur à livrer du code de qualité en m'appuyant sur les bonnes pratiques du développement logiciel et je défends les valeurs du software craftmanship.

L'agilité est également un élément essentiel pour un travail fiable et efficace. Je ne parle pas de méthode, mais de l'état d'esprit prôné par l'agilité.

J'aime partager mes compétences et j'ai une appétence particulière pour l'encadrement des développeurs juniors.

Je suis également en quête de sens, aucune technologie étant une fin en elle-même, j'ai besoin de savoir pourquoi je travaille et qu'elle est la valeur produite.