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Kaizen Solution

Cédric Gérard
Cédric Gérard Chroniques

Après une période dans le public, j’ai voulu aller voir ce qui se passait dans le privé. J’ai eu pas mal de difficultés à trouver un point de chute. Même avec de l’expérience, il n’était pas évident de trouver une opportunité intéressante.

En recherche
Oui il faut beaucoup chercher pour trouver la perle rare

Les SSII

J’ai passé un grand nombre d’entretiens et quasiment tous pour des sociétés de services (SSII) ou ESN comme on dit aujourd’hui. Il faut dire qu’elles recrutaient énormément. Elles construisent aussi des cvthèques. Et parfois, on passe des entretiens pour pas-grand-chose. On a aucune réponse tout simplement parce qu’elles nous mettent de côté afin de pouvoir nous proposer quelque chose lorsqu’elle contractualise un nouveau projet. Cette pratique dope virtuellement le marché de l’emploi. Cela laisse croire qu’il y a un plus gros besoin qu’en réalité.

Il faut comprendre que pour une société de services les dev sont un centre de coût. C’est en effet l’expertise des salariés de la SSII qui est vendue. Si un dev n’est pas en mission, il coûte de l’argent à l’entreprise. Si beaucoup de dev ne sont pas en mission, cela peut être dangereux pour la trésorerie de la société.

Elles doivent donc bien gérer, les intercontrats des salariés et l’entrée de nouveaux dev pour de nouvelles missions. C’est pour ça qu’elles ne peuvent recruter que si elles sont sûres de pouvoir placer les nouvelles recrues rapidement. C’est facile si le profile recruté est un expert avec des compétences rare sur le marché. Ou bien, si elle a déjà contractualisé un nouveau projet et qu’il faut monter l’équipe.

Pour qu’une SSII soit au top, il faut bien entendu que les clients aient des projets à leur confier. C’était très clairement le cas à l’époque et ça l’est toujours aujourd’hui. Mais il faut aussi qu’il y ait un vivier de profils à recruter rapidement. C’était le cas à l’époque et ça ne l’est plus vraiment de nos jours.

En fait, il y a beaucoup de profils à recruter, chez les juniors par exemple, mais ce sont des profils plus expérimentés dont elles ont besoin. Et malheureusement pour elles, elles n’ont pas la possibilité de former des juniors facilement. En effet, il faudrait qu’elles puissent les placer chez des clients pour ça. Et quand on passe par une SSII, on accepte de payer plus cher qu’un salarié pour une expertise. Il n’y a pas vraiment d’intérêt à prendre des juniors en prestation alors qu’on peut facilement les recruter soi-même à un coût bien inférieur. Surtout qu’il faut les former en sachant qu’ils ne resteront pas longtemps pour aller vers une autre mission.

Kaizen

Les entreprises que j’ai rencontrées n’étaient franchement pas attirantes. Tout un panel des stéréotypes de ce qu’on peut entendre sur les SSII. Vendeur de viandes, salaire tiré vers le bas par rapport à travailler chez un éditeur directement, promesses dans tous les sens en sentant bien l’appuie sur les termes à la mode. Je n’ai pas aimé le côté costard qu’il faut arborer dans la plupart de ses structures.

Fatigué
J'étais fatigué de chercher

J’étais assez désespéré de trouver une porte de sortie attirante. Et puis j’ai rencontré Kaizen Solution. C’était une jeune ESN (elle avait environ 2 ans d’existence.) et elle se vendait bien en terme de valeurs humaines et de respect des prestataires. À l’issue de 6 entretiens 😫, j’ai été embauché. J’ai quand même dû concevoir de baisser mon salaire. Comme je le disais, les grilles sont moins élevées du côté des sociétés de services. J’ai accepté en me disant que j’aurai moins de responsabilités, je n’aurai pas à gérer des projets et à piloter une équipe. Je suis passé de 42K€ à 39K€ avec une prime de 1K€ pour un an et une promesse de remonter mon salaire rapidement.

Ce changement m’a fait du bien. C’était une nouvelle aventure et j’allais découvrir un monde souvent décrié. Mon intégration s’est bien passé. Je n’ai pas eu de mission tout de suite. Le projet sur lequel je devais entrer a été stoppé par le client faute de moyens 😑. Je suis donc resté à l’agence de Grenoble pendant quelque temps à travailler sur un projet d’avant-vente au Kaizen Lab. C’était plutôt sympa, le rythme était intéressant, on rencontrait les clients et l’équipe était bien. J’ai bien aimé bosser à l’agence. Je commençais à me dire que ce qu’on raconte sur les ESN, c’est un peu du folklore de dev déçus.

Si vous avez lu le début, vous vous rappelez que quelqu’un qu’on ne place pas sur un projet client est un coût pour l’entreprise. Les managers se sont donc employés à me trouver une mission. Ma première mission est arrivée assez rapidement. Et ce n’était pas chez le client qu’on m’avait présenté à l’embauche.

Première mission

Je me suis donc retrouvé à travailler chez un autre client (en régie). J’avais une mission bien particulière. Il fallait que je développe un composant d’intégration entre une plateforme de la boite et un outil d’un de leur partenaire. L’objectif était d’automatiser plusieurs taches d’échanges de données entre différents systèmes.

Le client était assez loin de chez moi ; je me suis donc retrouvé à adapter mes horaires pour éviter les bouchons le matin et surtout le soir. J’avais, à peu près, 45 minutes de route à l’aller et une heure au retour dans des conditions normal. Je me faisais de grosses journées et ce n’était que du dev. Je passais mon temps derrière mon ordinateur à coder sans autre activité.

L’ambiance chez le client était catastrophique. Les projets étaient mal gérés, piloté à Paris avec l’équipe de dev à Grenoble. Une communication qui ne passait pas et une équipe technique sous pression constante. Résultat, des départs réguliers, un projet qui avance laborieusement et un moral proche du zéro.

Je ne devais y rester que quelques semaines, un mois tout au plus, pour dépanner et éviter que Kaizen ne perde de l’argent sur mon compte. Mais j’y suis resté plus longtemps malgré les promesses de changement que j’avais chaque semaine.

Nous étions trois membres de Kaizen chez ce client. Au final, le changement est venu lorsque le client s’est retrouvé en défaut de paiement. On a été sortie afin de mettre la pression sur ce dernier pour qu’il paye. Au final, je ne suis jamais retourné là-bas. Un des trois qui est rentré de mission a quitté Kaizen immédiatement après.

déçu
Ce fut très décevant comme première expérience

Intercontract

Je suis donc resté en intercontrat au Kaizen Lab pendant un mois à peu près. J’ai travaillé sur la suite projet sur lequel j’avais bossé en arrivant. C’était plutôt sympa, nous étions plusieurs en intercontrat à ce moment-là. Une vraie petite équipe pour le projet.

L’ambiance était bien meilleure que pendant ma mission et j’étais content d’être à l’agence. Au final chez les clients, j’avais une sensation étrange de ne pas être à ma place. Un peu comme quelqu’un qui n’a rien à faire là, quelqu’un qui n’est pas un vrai membre de l’équipe.

C’était certainement dû au fait que le projet était une catastrophe et que l’entreprise en pâtissait financièrement. N’étant pas un employé cela n’avait pas d’impact sur moi et en tant que prestataire, je ne ressentais pas la même pression que les salariés.

Bref, je me sentais plus chez moi à l’agence que chez le client.

maison

Seconde mission

Arrive ma seconde mission. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’il s’agit d’une mission que j’avais repéré sur la page de job de Kaizen et qui m’avait fait rêver quand j’ai postulé.

C’était une mission dans une startup de Chambéry. La boite avait l’air super, une culture tech au top et des bureaux de dingues dans un endroit sympa. Et c’était plus simple de m’y rendre que d’aller à Grenoble (pas de bouchons).

Wahou
Pas à ce point, mais quand même, ça me faisait rêver

Je suis donc allez rencontrer le CTO et un lead dev avec mon manager Kaizen. Ça s’est super bien passé. J’étais franchement emballé. Vient ensuite l’entretien technique (je ferais un post bientôt sur le sujet). Je suis avec deux développeurs dans une petite pièce pour un échange technique. À la base, ça devait être le lead dev du dernier projet en cours qui devait me faire passer l’entretien. Il se trouve que c’était le thésard du projet AppsGate sur lequel j’avais travaillé à l’INRIA. Comme on se connaissait, il a préféré laisser la place à d’autres pour qu’il n’y ait pas de biais dans la sélection.

J’ai complétement foiré cet entretien. Je voulais vraiment cette mission, mais je ne m’étais pas préparé techniquement pour être à l’aise lors d’un échange et d’un test. Avec le stress, j’ai fait n’importe quoi. Même sur les questions les plus évidentes, je me suis retrouvé sans pouvoir répondre, un gros blanc.

Triste
J'étais grave dégouté

Le retour était étrange. Pour le CTO, c’est ok, mais pour les dev, c’était un no go. J’ai finalement eu de la chance. Le CTO a tranché en ma faveur.

J’ai donc commencé chez Leadformance à travailler au support de l’ancien projet. Ils étaient sur une refonte complète d’une solution SaaS, ils devaient passer d’un monolithe en Ruby On Rails vers une nouvelle solution orientée micro-service en NodeJS.

Victoire
ça a été, un peu, un ascenseur emotionnelle

Je vous passe les détails, mais j’ai beaucoup appris là-bas. Le niveau technique était très bon et les pratiques bien plus poussées que tout ce que j’avais fait auparavant. Après quelques mois sur la v2 en Ruby avec deux autres dev nous sommes passés sur la v3.

Mon intégration sur le projet s’est faite sur un nouveau projet. Le développement d’une API publique pour l’intégration de notre solution chez les clients. J’ai été posé sur le projet en binôme avec un des dev qui n’avait pas donné son accord à mon recrutement 😱.

Comme tout, il y avait des hauts et des bas. Mais globalement, j’aimais bien la boite, l’ambiance était top, les projets intéressants. Je m’entendais bien avec le CTO et le reste de l’équipe.

À tel point qu’au final, j’avais l’impression d’être un salarié de Leadformance. Le client ne faisait pas de différence entre les salariés et les prestataires. On avait le même matériel, les mêmes conditions de travail, la même implication. Aucune restriction de déplacement et d’accès.

Je suis resté un an et sept mois dans cette mission. Je ne voyais quasiment plus Kaizen, sauf aux réunions annuels. Le client n’était pas dans la même ville et c’était carrément loin même. Tout se passait bien et je n’avais pas vraiment de contact avec mon manager, sauf à ma demande.

Au final, je me sentais beaucoup plus proche de Leadformance. J’en ai pris conscience quand en retournant à mon agence, je me suis retrouvé à ne pas pouvoir entrer. Je n’avais aucun badge ni code me permettant d’entrer dans les locaux de mon entreprise. Alors que je pouvais gérer jusqu’à l’alarme de chez mon client. Et le pire, c’est qu’en entrant, je me suis rendu compte que je ne connaissais quasiment plus personne, à part les fondateurs et la RH.

Ajouté à ça que je n’avais pas retrouvé ma rémunération d’avant Kaizen, les promesses… J’ai bien été augmenté à la fin de ma première année, avec un des taux les plus élevé d’ailleurs, mais j’ai également perdu ma prime de 1K€ (elle était prévue pour un an.). Je me suis donc retrouvé à être moins bien payé au bout d’un an d’ancienneté.

C’est ce qui m’a fait comprendre que la SSII ce n’était pas fait pour moi. Il faut être capable de se détacher de son client et bien garder en tête que son entreprise, c’est la société de services. On doit la représenter en tant que prestataire de service chez le client, mais on doit également défendre ses intérêts. Avec un fonctionnement en régie, c’est-à-dire que vous êtes envoyé chez le client pour réaliser votre mission, il faut s’attendre à ne pas voir les membres de son agence très souvent. Sauf à faire des afterwork régulièrement avec eux ou participer à des événements de l’entreprise. Sans ça, il est difficile de partager la culture d’entreprise vu que vous ne travaillez que rarement avec d’autres membres de votre boite.

Comme ça se passait bien chez mon client et que c’est moi qui voulais quitter Kaizen. Ils se sont mis d’accord pour arranger un échange. Je passais salarié Leadformance et Kaizen conservait un poste de prestataire quand même. Il faut dire qu’il y a eu jusqu’à 9 prestataires de Kaizen chez Leadformance dans une équipe tech d’un peu moins de 30 développeurs.

C’est donc comme ça que j’ai rejoint directement Leadformance. Je vous en parle la semaine prochaine.

Cédric Gérard

Cédric Gérard

Je suis dans l'informatique depuis tout jeune. D'abord intéressé par le hardward (montage, overcloking), j'ai mis du temps à trouver ma voie. Je suis tombé dans le développement en 2007, je n'ai jamais arrêté depuis..

Aujourd'hui, je suis développeur web avec une plus grande appétence pour le backend. J’accorde beaucoup d’attention à la valeur apportée aux utilisateurs finaux. On ne réalise pas d'application que pour se faire plaisir, après tout.

Je mets aussi un point d'honneur à livrer du code de qualité en m'appuyant sur les bonnes pratiques du développement logiciel et je défends les valeurs du software craftmanship.

L'agilité est également un élément essentiel pour un travail fiable et efficace. Je ne parle pas de méthode, mais de l'état d'esprit prôné par l'agilité.

J'aime partager mes compétences et j'ai une appétence particulière pour l'encadrement des développeurs juniors.

Je suis également en quête de sens, aucune technologie étant une fin en elle-même, j'ai besoin de savoir pourquoi je travaille et qu'elle est la valeur produite.