Les dogmes dans l'informatique
L’informatique est un domaine immense et passionnant. Cependant, il n’est pas rare de rencontrer au détour d’une discussion de prises de position qui sont parfois difficiles à expliquer.
Il y a un paradoxe qui m’a toujours frappé depuis que je suis dans ce milieu et particulièrement dans le développement web. Bien qu’il faille une grande ouverture d’esprit pour un bon développeur bon, nombre de personnes font parfois preuve d’un dogmatisme incroyable.
On rencontre souvent cette posture lors d’échanges futiles sur la marque de l’ordinateur à utiliser (le fameux Mac ou PC), sur le meilleur OS (MacOS, Linux, Windows) ou lors d’échange sur les frameworks. Les prises de positions dans ces cas sont très souvent peu argumentées et uniquement liées à l’affect. On peut rencontrer des échanges assez virulents, mais rien de bien intéressant n’en ressort en général.
Le problème est que cette attitude se retrouve également sur des sujets qui sont plus importants et surtout qui véhiculent des stéréotypes qui sont nuisibles à la longue. Parmi ceux-ci, on en trouve un qui m’agace particulièrement. C’est celui de véhiculer l’idée que pour devenir développeur, il suffit de pratiquer, qu’étudier ou lire ne sert pas à grand-chose, il faut faire et encore faire. Il n’y a rien de plus faux ! Pour être un bon développeur, il faut de la maîtrise technique, qui s’acquière avec l’expérience, et des connaissances pointus sur plein d’aspects autant théoriques que pratique. Les deux sont indissociables. Bien évidemment qu’on peut arriver à développer son site web juste en pratiquant. Mais cela ne fait pas de vous professionnel. De plus, il n’y a pas besoin d’être développeur pour faire un site ou une application mobile de nos jours. Je suis capable de découper du bois avec le matériel que j’ai acheté au magasin de bricolage du coin. J’ai réussi à construire la niche de mon chien avec en suivant des tutos. Est-ce que ça fait de moi un ébéniste ou un charpentier ? Bien sûr que non. Je serais bien à la peine si je devais refaire le toit de ma maison. Il en va de même avec le métier de développeur. Il ne suffit pas d’arriver à faire une application, encore faut-il le faire avec professionnalisme. Et c’est là qu’il faut des connaissances qui vont au-delà du code.
Il existe bien d’autres dogmes issus, le plus souvent, d’un manque de connaissance du milieu. Certains concernent les langages eux-mêmes. Dans le domaine du développement web, en particulier chez les juniors, il n’est pas rare d’entendre que le langage C est mort et que Java (pour ne citer que lui) ne va pas tarder à disparaître. La première fois que j’ai entendu parler de la fin de Java, on devait être en 2008. À l’époque Java 6 avait un peu plus d’un an d’existence. Il y a eu entre temps une nouvelle version par an, pour conduire Oracle, en septembre dernier, à sortir la version 17 de Java. Pas mal pour une technologie soi-disant à l’agonie.
Je ne vais pas faire ici la toute la litanie des dogmes qu’on peut rencontrer. Il faut avoir en tête que le monde de l’informatique bouge très vite sur certains aspects, mais qu’il repose sur un socle solide qui lui n’est pas révolutionné tous les jours. Il faut également voir qu’on fait partie d’un univers extrêmement vaste. Je parle ici pour les développeurs web qui ont tendance à ignorer que l’informatique est un domaine bien plus large que le web et que les technologies qui leur paraissent obsolètes sont parfois les fondations sur lesquelles ils doivent construisent.
Il est important d’avoir un état d’esprit fondamentalement prêt à la remise en question pour devenir un bon développeur. Il ne faut pas rester sur des certitudes si on n’est pas capable, soi-même, de les justifier avec un argumentaire ou des sources valables. C’est de cette manière qu’on évite de se bloquer sur une idée. Cela peut sembler rassurant, on a l’impression d’avoir des convictions, d’appartenir à un groupe. Au final, on perd notre capacité de jugement et on fini par se fermer à la réalité. Ceci peut avoir un mauvais impact sur notre employabilité future et nous faire tomber de haut.