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Savoir arrêter

Il y a des moments où il faut savoir se lancer dans des projets, prendre son courage à deux mains, sa motivation et sauter le pas. Ce n’est pas évident. Mais ça l’est encore moins lorsqu’il faut prendre la décision d’arrêter.

Savoir dire stop est pourtant indispensable afin de se préserver. Il y a des projets ou s’entêter coûte beaucoup plus d’énergie que ce que ça nous apporte. À la fin, le bilan est négatif et c’est notre santé qui va en pâtir. Attention, le retour sur investissement n’est pas toujours pécunier. On peut trouver dans la satisfaction, dans l’accomplissement et dans la reconnaissance bien plus que dans l’argent. Il faut néanmoins que cela soit à la hauteur de l’effort fourni.

Lorsque j’ai lancé d2velop j’avais une ambition, je voulais transmettre ce que j’avais appris pendant mes années de pratique. Je voulais également répondre à une problématique que j’avais perçue sur le marché de l’emploi, l’inadéquation entre l’offre et le demande pour le recrutement des devs.

Mon constat, c’était qu’on a besoin de développeurs, mais pas de codeurs. Les entreprises ont moins besoin de techniciens qui maîtrisent des outils (langage, framework) que de développeurs qui ont des connaissances dans les techniques de développement logiciel. Seulement, quasiment toutes les formations courtes, en lignes, les bootcamp de reconversion qu’on trouve aujourd’hui forment par les outils. Le résultat, c’est que les juniors qui arrivent sur le marché n’ont pas les compétences attendues. Cela pose de réels problèmes d’insertion et des difficultés dans les recrutements.

Je voulais offrir un accompagnement pour les juniors qui sortent tout juste de formation. Ce mentorat se voulait dédié à la transmission des connaissances qui sont zappées par ces formations, l’algorithmie, la compréhension du matériel, le cloud, l’architecture logiciel, les tests, la POO, le travail en équipe et bien plus encore.

J’ai donc monté un groupe en intégrant des développeurs juniors pour tester mon offre. Après pas mal de galères et de fatigue, je suis arrivé à une version qui semblait pouvoir marcher et qui correspondait aux attentes des mentorés. Il m’aura fallu presque deux ans et beaucoup d’investissement pour arriver à ce résultat.

Aujourd’hui, pourtant, je vais arrêter le mentorat. Bien que le concept semble bon et qu’il y ai de la demande, ça ne prend pas. J’ai beau avoir rassemblé un groupe de 8 personnes à suivre, la participation ne décolle pas. J’ai fait plusieurs coding dojo avec seulement une seule participante. Il y a peu d’échange sur le Discord du groupe et si je n’anime pas, il ne se passe rien. Même en partageant sur le groupe il n’y a pas vraiment eu d’échange en retour.

Je pense clairement que je n’ai pas été assez bon animateur et que je n’ai pas réussi à mettre l’énergie qu’il faut pour que ce projet décolle. Animer un groupe et transmettre demande beaucoup d’énergie et un investissement conséquent. Avec un travail à temps plein et une vie de famille, je n’ai pas pu suffisamment m’investir pour créer l’émulsion nécessaire.

Je ne me considère pas comme unique responsable de cette situation. J’ai également été découragé par les inscriptions qui sont restées sans suite après de nombreux échanges. J’ai été découragé par le non-investissement des gens lors des événements et sur le groupe. Clairement, je pense qu’une grande majorité de dev juniors n’a pas conscience de l’effort à fournir pour devenir un bon développeur ou ne cherche tout simplement pas à le devenir. Leur but, c’est de décrocher un job, et ils ont tendance à considérer ça plus comme une finalité que comme un point de départ.

Une autre erreur est de proposer cela gratuitement. Je m’adresse à des gens qui n’ont pas beaucoup de moyens et je prenais du plaisir à créer les contenus et à animer les formations et les dojos. Le problème, c’est que lorsqu’on ne paie pas, on ne s’investit pas forcément. De point de vue de l’animateur, lorsqu’il n’est pas rémunéré à sa juste valeur, les moments difficiles, ceux où le plaisir n’est plus là, ceux où il y peu de retours, sont difficiles à surmonter.

C’est suite à ces constats que je décide d’arrêter le mentorat avec d2velop. En priorisant ce qui est important pour moi, je me rends compte que je n’ai ni l’énergie, ni le temps pour continuer. Je ne retire plus rien des efforts que je pourrai fournir et je veux mieux valoriser mon temps sur d’autres projets.

Je compte conserver le blog de d2velop qui me servira à publier des articles régulièrement. Je n’abandonne pas du tout mon ambition d’aider les développeurs juniors à entrer sur le marché du trabail. Seulement cette fois-ci, je compte m’attaquer directement au problème au niveau de la formation.

On se retrouve bientôt pour un tout nouveau projet.

Cédric Gérard

Cédric Gérard

Je suis dans l'informatique depuis tout jeune. D'abord intéressé par le hardward (montage, overcloking), j'ai mis du temps à trouver ma voie. Je suis tombé dans le développement en 2007, je n'ai jamais arrêté depuis..

Aujourd'hui, je suis développeur web avec une plus grande appétence pour le backend. J’accorde beaucoup d’attention à la valeur apportée aux utilisateurs finaux. On ne réalise pas d'application que pour se faire plaisir, après tout.

Je mets aussi un point d'honneur à livrer du code de qualité en m'appuyant sur les bonnes pratiques du développement logiciel et je défends les valeurs du software craftmanship.

L'agilité est également un élément essentiel pour un travail fiable et efficace. Je ne parle pas de méthode, mais de l'état d'esprit prôné par l'agilité.

J'aime partager mes compétences et j'ai une appétence particulière pour l'encadrement des développeurs juniors.

Je suis également en quête de sens, aucune technologie étant une fin en elle-même, j'ai besoin de savoir pourquoi je travaille et qu'elle est la valeur produite.